J'ai une affaire à faire avec la réalité, dans la réalité. Je deviens.
La photographie, elle, reste articulation.
Si un moment donné, juste à l'instant de la "capture" de la lumière, il peut convenir de pouvoir dire cette foto représente ce qui est, elle devient, du moment de sa latence au monde du visible, le souvenir d'un rêve.
Son intérêt est-il de constituer un miroir narcissique de ce qui est dont nous n'imaginons la pérennité qu'à travers des supports suffisamment immobiles pour pouvoir être montrés et vus, justes témoins de ce qui a été avant ?
Avant nous, avant moi, avant toi, avant là, maintenant !.
Si j'éclaire une photographie, son rayonnement devrait être visible depuis les étoiles, pour peu que la source d'éclairage soit assez forte et le support de l'image résistant à la chaleur. Je repense aux étoiles qui scintillent en imaginant d'autres nous envoyant des messages dont peut-être les nôtres avec des polis réfléchissant.
Balancer des images dans l'espace sans plus penser à ce qu'elles représente ici-bas.
Un peu comme des fichiers aléatoires de trous et de pleins traverseraient les portes du temps.
Je ne peux pas dire que la photographie occupe toute ma vie.
Elle est cependant devenue un outil de penser sur tout.
Sa pratique et la réflexion qu'elle entraîne modifient notablement ma vie.
La photographie est silencieuse.
Elle invite naturellement à la réflexion.
Quand je vais voir une exposition j'ai toujours une boîte de bouchons d'oreille pour retrouver ce silence.
Même si je ne l'utilise pas à chaque fois, loin de là, ce silence est nécessaire.
Pour la pensée.
Fondactrice.
La photographie nous renvoie à une culture dans un schéma spatio-temporel aussi lent que l'intemporalité que nous saurons passer immobiles ou presque devant une image. Cet espace temps est primordial pour permettre à notre être d'explorer autre chose qu'une application à un devoir.
Le sens de toute culture étant de maîtriser des process qui existent à l'état naturel dans le but d'une production adéquate à la consommation, on peut s'interroger sur la base d'un quadrilatère :
culture-----------------------process
l l
l ll l
l l
l l
l l
production--------consommation
La photographie relie l'homme au monde qui l'entoure dans l'affirmation de son "je" possible comme un cordon ombilical qui lui partirait du cerveau jusqu'au nombril.
Elle permet cependant quelques découvertes intéressantes sur le monde et sur soi.
Après minuit, mon carrosse se transforme en citrouille...
le conte est bon. "Dong, dong, dong" (12 coups) ...
L'adéquation mathématique des accumulations personnelles et culturelles en réponse aux Halloween de la sorcellerie imaginaire, ou imaginative du monde d'aujourd'hui, n'entame en rien mon moral car je pense aussi bien sinon mieux en citrouille qu'en carrosse. Cependant je suis prêt à voyager en carrosse tout en pensant en citrouille à l'intérieur. Comme il se lit j'ai déjà dépassé l'horaire.
Chaque fois que la lumière pénètre dans la chambre noire parce que j'appuie sur un déclencheur je capture de l'énergie.
En ce sens, je m'impose la réflexion du photographe voleur de l'âme. L'âme ne serait-elle pas ce noeud énergétique capable de tout contrôler. Quand j'appuie sur ce déclencheur, j'essaie de ne pas m'imposer mais de m'ouvrir à elle. Il est vrai quelques fois en forçant des portes. Souvent ouvertes précédemment par d'autres, bien avant.
pas I En fait, je fais ce que je p(v)eux comme je le p(v)eux avec ce à quoi je suis sensible et capable
français I d'imaginer m'en servir pour y arriver avec les outils et protocoles du bord...
Mais l'expérience de la vie vaut tous les ébats, les débats avec l'espoir d'en sortir quelque chose car ce joyau qui nous est donné, exister, s'il correspond à des utilités qui me dépassent, est l'occasion rêvée d'en faire quelque chose.
Dont pourquoi pas quelques images.
Je pense que je peux devenir à travers mon oeuvre garant de ce qui est et qui sera transmis pour témoigner en chaque instant d'une relation évidente avec le présent.